"La Promesse verte" : pourquoi ce thriller français n'est pas le navet qu'on croyait

La vogue des "films-dossiers" à la française ne cesse de gonfler ses voiles, poussée par une série de succès récents qui sont en train d'en faire un créneau d'exploitation. Le combat de l'homme ou de la femme seule contre un système capitaliste tentaculaire et tout-puissant s'y déploie dans une multitude d'avatars contemporains tirés ou non de faits réels : lutte contre les pesticides et Monsanto (Goliath), pollution aux algues vertes (Les Algues vertes), scandale du Mediator (La Fille de Brest)…

De la capacité de ces objets à faire naître unErin Brockovich ou un Révélations à la française, on doute quelque peu – un ronron de téléfilm à sujet émane plutôt de ces thrillers mornes et formatés, structurés par des archétypes paresseux et plombés par le didactisme. 

Manichéisme binaire

Malgré un canevas d'un ringardisme terminal (white saviors en forêt équatoriale, torpeur grasse et seconds rôles sans relief : on n'est presque pas si loin deSound of Freedom)La Promesse verte, étrangement, s'en tire sans totalement se saborder, grâce notamment à un tandem assez sobrement incarné, rétif aux excès de pathos.

Sans doute aussi grâce à son choix de faire passer sa dimension sensible avant son commentaire politique – c'est bien avant tout l'histoire d'un fils et de sa mère, lui travailleur humanitaire retenu dans les geôles d'une police indonésienne corrompue par les mafias de l'huile de palme qu'il tentait de dénoncer, elle prof quelque peu dépassée par les événements, mais qui va tout faire pour l'en sortir. Du sauvetage au fin fond des enfers à la rebirth de l'innocent en captivité se déploie un juteux spectre de références allant de l'antique au moderne (Orphée, Edmond Dantès, Midnight Express ?), pourtant l'on ne saurait reconnaître au film, d'un manichéisme passablement binaire et donc fort ennuyeux, de plus grand mérite que celui de ne pas nous avoir embarrassé – ce qui est déjà une assez bonne surprise, au vu du marigot de pensums à sujet dont il émerge.

La Promesse verte d’Édouard Bergeon avec Félix Moati et Alexandra Lamy – En salle le 27 mars

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