"The Iron Claw" : dans ce film sur l'emprise masculine, Zac Efron trouve son meilleur rôle

The Iron Claw, qu’on pourrait traduire par "la prise de fer", est d’abord la prise signature des catcheurs de la famille Von Erich, qui atteint un certain rayonnement dans le milieu entre le début des années 1960 et la fin des années 1980. À la fois organisateur de combats dans le Texas et entraineur de ses six garçons, le patriarche, Fritz Von Erich, est l’inventeur d’une façon d’enserrer l’avant du crâne de son adversaire d’une main pour y exercer une insoutenable pression.

Cette emprise, au sens le plus littéral du terme, est le sujet du film, qui finit par lui donner une portée plus allégorique. Si elle se transmet de père en fils, cette prise de fer est assortie d’une malédiction – "The Von Erich Curse", qui a débuté avec le décès de l’aîné des frères, mort noyé à six ans. La malédiction s'abattra aussi sur ses cadets, que leur père poussera tous dans le catch et mettra en compétition les uns contre les autres.

Une certaine idée de l’Amérique battue en brèche

Outre l’excellente reconstitution des scènes de catch, la grande qualité du troisième film de Sean Durkin, dont on a compris que le thème de prédilection était les mécanismes d’emprise masculine, est de raconter les dégâts de cette paternité toxique sans en grossir le trait, en en laissant décanter les vapeurs à mesure que le film avance. On pourrait même lui reprocher d’avoir allégé la charge en soustrayant à la fratrie fictionnelle une sixième frère bien réel, Chris, le plus petit en âge et en taille, qui s’est suicidé en 1991.

Le reste de la famille est lui bien présent et incarné par un casting ultra réussi. On commence avec Kevin (Zac Efron, dans son meilleur rôle ever) qui sera le seul à parvenir à s’extraire de l’emprise du père, en partie grâce à la rencontre avec sa future femme, Pam (Lily James), avec qui il redéfinira une cellule familiale moins patriarcale. Suivent ensuite Kerry, le plus célèbre des frères (Jeremy Allen White, golden boy du moment), David (Harris Dickinson, boyfriend de Sans filtre) et enfin Mike (Stanley Simons). Les parents sont quant à eux incarnés par Holt McCallany (l’autre flic de Mindhunter) et Maura Tierney.

Tout en muscles suintant de testostérone et en cheveux longs, les frères sont entrainés par leur père à poursuivre la soif de reconnaissance de ce dernier, quitte à s’y cramer la santé, le corps et le mental. Ce n’est pas une mystérieuse malédiction qui les poursuit, mais bien les ravages d’une masculinité meurtrière. À travers ce symbole du père, c’est aussi une certaine idée de l’Amérique – blanche, de droite et du sud – qui est battue en brèche. Si on pense parfois à Foxcatcher de Bennett Miller (2014) dans cette façon de mettre en scène l’épuisement et la chute de la puissance du corps masculin, The Iron Claw rappelle aussi Celui par qui le scandale arrive de Vincente Minnelli (1960) dans sa critique d’un patriarcat assassin.

The Iron Claw, de Sean Durkin, en salle le 24 janvier

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