
Adèle Haenel : "des choses impunies", cette triste déclaration de Judith Godrèche à la sortie du tribunal
03/02/2025 21:36
Le 3 février, au tribunal de Paris, Christophe Ruggia a été reconnu coupable d'agressions sexuelles sur mineur commises sur Adèle Haenel. L'actrice avait entre 12 et 14 ans au moment des faits. Il était quant à lui presque quadragénaire. Le réalisateur aujourd'hui âgé de 60 ans écope des deux ans avec sursis en plus de deux ans de prison ferme.
À la sortie de l'audience, celle qui a joué dans Naissance des pieuvres, de Céline Sciamma, a été très soutenue. Elle a tenu à rejoindre les militantes qui étaient venues. Elle a pris la parole pour les remercier. "Juste merci à tous et toutes de faire avancer les droits humains tout simplement par votre présence et le fait que voilà, on ne laisse pas tomber, quoi, merci beaucoup, on est ensemble", a-t-elle déclaré sous les applaudissements de nombreuses femmes. Parmi elles se trouvait Judith Godrèche. L'actrice avait elle-même dénoncé une relation abusive avec le réalisateur Benoît Jacquot alors qu'elle avait 14 ans.
Judith Godrèche était venue soutenir Adèle Haenel
"C'est très très important d'être là pour moi", a déclaré cette dernière. Quelques minutes après, elle s'est montrée plutôt septique. Selon elle, ce genre de procès ne va malheureusement pas forcément gommer de façon "magique" les violences sexuelles dans le cinéma. À l'issue du procès, elle a néanmoins tenu à exprimer son empathie. "C'était très émouvant, et c'était un moment très important, qui m'a renvoyé à des choses qui de mon côté resteront peut-être impunies", a-t-elle tristement déclaré.
Dans une lettre ouverte publiée par Le Monde, l'actrice et scénariste française de 52 ans avait évoqué les raisons qui l'avaient poussée à briser le silence. Elle avait adressé cette lettre à sa fille Tess Barthélémy. "Depuis toutes ces années, la peur des mots, pas jolis, pas doux, pas métaphoreux, me fait contourner la réalité. Depuis toute petite, le désir d’un ailleurs m’a poussé à lire, écrire, être une autre. Cette autre n’est plus. Elle s’est éteinte en moi. Je ne peux plus incarner sa ‘couverture’, sa carapace ondulante", écrivait-elle.
"Il est temps de raconter mon histoire"
Judith Godrèche évoquait aussi son déclic. "Je comprends qu’il est temps de raconter mon histoire. Pour vous, pour toutes celles et ceux qui vivent encore dans un silence imposé. Dans la peur. Il est temps. Il faut que vous sachiez. Il faudra se cacher les yeux, par moments. J’espère que vous me pardonnerez. Je sais, il se fait tard, mais je viens de comprendre. Ce truc – le consentement – je ne l’ai jamais donné. Non. Jamais au grand jamais. Alors, il est temps."
À l'instar de Christophe Ruggia, Benoît Jacquot niait fermement les" allégations et accusations" formulées par les plaignantes.