Disparition de Bun Hay Mean : Booder se souvient de son ami "écorché vif qui a tendu la main à plein de monde"

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Depuis l'annonce brutale de la mort de Bun Hay Mean, survenue le jeudi 10 juillet dernier après une chute mortelle de huit étages à l'âge de 43 ans, Booder est encore sous le choc… Parti se ressourcer quelques jours dans le centre de la France, l'humoriste a tenu à lui rendre hommage dans  Le Parisien,  évoquant une amitié de longue date et un parcours partagé. Booder a été le tout premier humoriste à tendre la main à celui qu'on surnommait le  "Chinois marrant" , et à lui offrir ses premières scènes, dès 2005-2006. 

Booder rend hommage à son ami Bun Hay Mean 

À l'époque, Bun Hay Mean venait tout juste de quitter Bordeaux pour Paris,  "des rêves plein la tête" , sans connaître personne dans le milieu. C'est un proche collaborateur de Booder, Rachid Ould'Ali, qui leur a permis de faire connaissance. L'humoriste s'est souvenu :  "Moi à l'époque, je jouais au théâtre du Gymnase, je remplissais la grande salle, ça marchait bien, j'avais le vent en poupe. Il me dit qu'il veut monter sur scène. Alors je lui réponds : 'T'as un sketch de 8-10 minutes ? Bah vas-y !'. 'Quoi ? Ce soir ? Devant 800 personnes ?'. 'Oui, pas dans trois semaines, pas dans deux ans, vas-y, tu vas kiffer !'"

Ce soir-là, Bun Hay Mean fait mouche dès sa première vanne.  "Un Chinois avec un micro ? Vous pensez que ça va être une soirée karaoké, hein !" , lançait-il à un public hilare.  "Toute la salle rigole. Et moi, derrière le rideau, je me dis, c'est bon… De là est née une amitié. Et il est parti avec moi en tournée, en France, en Suisse, je l'ai emmené partout" , s'est rappelé Booder avec émotion. À cette époque, personne ne savait encore que Bun Hay Mean, qui avait quitté un emploi stable d'ingénieur en informatique, vivait en réalité dans une extrême précarité…

"Il ne nous disait pas tout. J'ai dû lui tirer les vers du nez. Il a commencé à se livrer un peu, à me dire qu'à part des rêves plein la tête, il n'avait rien. Il avait juste un sac à dos quand il est parti. Même pas une brosse à dents. C'est un mois après que j'ai découvert qu'il était dans la rue. Je lui ai demandé : 'Mais le soir, après le spectacle, quand tu me disais À demain ! Tu allais où ?'" , s'est-il souvenu. Il avait dormi dans les loges avant qu'une solution temporaire soit trouvée. 

Le souvenir d'un homme qui avait tendu la main à beaucoup de monde  

Aujourd'hui encore, Booder peine à réaliser : "Je reçois beaucoup d'appels de gens pour me parler de sa mort, de ses circonstances. Moi, j'ai plutôt envie de me pencher sur comment il a vécu et garder le souvenir de ce gars qui a tendu la main à plein de monde ". Mais il reconnaît aussi la part de fragilité de son ami…

"C'était un écorché vif. Avoir 2 000 personnes qui t'aiment chaque soir et, juste après, se retrouver seul chez soi, c'est un ascenseur émotionnel. Moi, j'ai mon fils, j'ai ma famille, tout ça. Lui, non. Cette adrénaline, et cette solitude, c'est très compliqué à vivre. Et il ne savait pas dire non aux gens" , a regretté l'humoriste.

À ses yeux, Bun Hay Mean restera un personnage à part. "On partageait tous les deux un genre de physique cartoonesque. C'était un personnage de dessin animé. J'ai du mal à réaliser qu'il soit mort. J'ai l'impression que je vais le croiser dans deux mois à Châtelet, ou à Belleville ou qu'il va passer me voir à la maison. Pour moi, il est reparti dans le manga d'où il venait" , a conclu Booder. 

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